Paru dans Au lit, j’ai dit ! et autres histoires à partager – SEDRAP Jeunesse
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Camille, ce matin, j’ai dit un petit mot !
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C’est quoi Lucas, un petit mot ?
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Un petit mot, c’est comme un gros mot, mais…
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Mais un gros mot, ce n’est pas beau !
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Alors qu’un petit mot, c’est tout rigolo.
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C’est rigolo comment, un petit mot ?
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C’est rigolo comme des ronds dans l’eau, comme un clown sans son chapeau, comme…
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Lucas, tu me dis plein de petits mots ?
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D’accord Camille, écoute, ils sont tout chauds : zut ! crotte ! flute ! prout ! scrogneugneu ! saperlipopette…
Les petits mots
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Pipi et au lit !
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Je n’ai pas envie.
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De faire pipi ?
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Non, d’aller au lit !
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Au lit quand même.
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Maman, je t’aime.
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Au lit, j’ai dit !
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Maman chérie…
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Demain école.
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Vraiment pas drôle !
Au lit j'ai dit
Une maman Ours et un « enfant » ours.
« Mamours, tu m’obliges toujours !
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Doudie, je ne t’oblige pas. Je fais juste mon travail de maman !
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N’empêche, je dois toujours tout faire comme tu veux !
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Voyons Doudie, je ne peux pas te laisser manger que du miel !
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Avec Papours vous en mangez tout le temps. Si tu crois que je ne vous vois pas !
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Je ne peux pas te laisser toute la journée devant Télé-Ours.
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Avec Papours vous regardez la télé tous les soirs. Même peut-être toute la nuit !
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Je ne peux pas…
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N’importe comment, moi, personne ne m’aime !
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Papa t’aime. Mamies et papis Grosours t’aiment. Moi, je t’aime.
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Si tu m’aimes, pourquoi tu m’obliges toujours !
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Doudie, je te répète que…
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Je sais : tu fais ton travail de maman. Mais… à partir de maintenant, t’es plus ma maman !
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D’accord, Doudie ! Mais, il te faut quand même une maman.
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Humm…
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Si tu veux, tu peux changer de maman !
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Changer de maman !… Comment ?
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Eh bien, on demande à la maman de Bouli de devenir ta maman?
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Et toi… tu serais la maman de Bouli ?
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Oui, pourquoi pas. C’est un très gentil petit ours.
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Humm…
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Alors, on fait comme ça Doudie ?
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Non pas la maman… :
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de Boulie : elle ne sait pas pêcher les saumons.
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de Mouna : tu as déjà goûté sa cuisine ?
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de Titours : elle sent moins bon que toi.
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de Malou, : elle ne sourit jamais.
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de Cachou : elle ça pourrait aller, mais son papa me fait un petit peu peur.
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de Toudou : je suis allergique à sa fourrure.
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de Bouba : elle est gentille, mais son petit frère est insupportable.
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de Calinou : elle est toujours à lui faire des bisous et à lui demander si tout va bien.
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Doudie, qu’est-ce qu’on fait, alors ?
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Alors… je préfère que tu restes ma maman !
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Même si je t’oblige… de temps en temps !
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Oui Mamours ! Même si tu m’obliges tout le temps : c’est toi ma maman ! Même quand tu fais ton travail de maman : c’est toi que j’aime !
T'es plus ma maman
(Histoire écrite avec ma petite fille Camille (9 ans), par allers-retours internet entre Bruxelles et Talence !) Régis – Camille
Barbedur le pirate s’ennuie. Sa jambe en bois lui fait mal et il ne trouve plus son crochet ! Tout seul sur son rafiot, il râle comme un veau !
« Ah si seulement, je pouvais croiser un bateau ! J’ai tellement envie d’un peu de compagnie ! »
Barbedur ne sait plus quoi faire, quand tout à coup, il voit un IMMENSE bateau sur le bord de plage d’une île déserte !!! Incroyable, c’est le bateau de son pire ennemi : Barbemoch. Le jour passe et Barbedur imagine un plan pour monter à bord du bateau GIGANTESQUE :
« Je vais monter à bord, en pleine nuit quand tout le monde dormira ah ah ah ah !!!!! »
Au milieu de la nuit, une nuit sans lune, Barbedur rapproche son rafiot et grimpe sur le pont de l’immense bateau. Il traverse tout le pont à cloche-pied pour ne pas faire de bruit avec sa jambe en bois. Soudain, il entend une chanson qui vient de la cabine du capitaine. C’est une belle voix de femme. Barbedur sent son cœur fondre ! Il s’approche de la cabine quand…
…il voit une magnifique indienne qui est assise sur le fauteuil du capitaine. Il veut ouvrir la porte mais elle est bloquée !!!!!Soudain, Barbedur entend un bruit qui vient de dehors, il s’écrie « Ce n’est pas vrai, une tempête fonce droit sur nous !!!!! Comment allons-nous faire pour… »
Il n’a pas le temps de prononcer un mot de plus ! Une énorme vague passe par-dessus bord et emporte tout. Plus de rafiot, plus d’immense bateau. Plus de crochet, plus de jambe en bois ! Trop dur pour Barbedur qui se retrouve assommé en haut d’un grand palmier. Enfin, il ouvre un œil et…
Il voit une longue queue de sirène longer la rive. « Mais, je la reconnais, c’est la jolie indienne qui chantait dans la cabine du capitaine !!! Mais qu’est-ce qu’elle fait-là ??? » se demande-t-il. Barbedur descend du palmier et essaie de se rapprocher de la sirène mais soudain, l’eau devient toute noire « Mais que se passe-t-il ????? » s’écrie Barbedur !!!!!!!!!
L’eau se met à bouillonner ! Sur l’île, la terre se soulève ! Barbedur comprend : c’est un volcan qui est en train de naître et de pousser ! La sirène « indienne » essaie de sortir de l’eau de plus en plus chaude. Barbedur lui tend un bras, mais oubliant qu’il n’a plus sa jambe de bois, il perd l’équilibre et tombe à l’eau.
Ils vont tous les deux mourir ébouillantés quand ils sont empoignés et soulevés par deux énormes gorilles.
Les deux gorilles les transportent jusqu’à leur tanière au centre de l’île. Ils les posent et repartent dans la jungle.
Là, Barbedur voit son crochet et sa jambe de bois ! Mais il comprend aussi que les gorilles vont revenir les dévorer.
Alors, en refixant son crochet et sa jambe de bois, il dit à la sirène :
– Je ne sais pas comment tu t’appelles ? Mais moi, Barbedur le pirate, je te dis qu’il faut vite sortir de là.
– Je m’appelle Sybel. Et pourquoi veux-tu partir ?
– Sinon, les gorilles vont nous avaler tout cru !
-Mais non, ne t’inquiète pas ! Les gorilles ne sont pas carnivores ! Et ces deux sont mes amis !
-Quoi, tes amis ! Comment est-ce possible ?
-Je les connais depuis que je suis toute petite. Ils m’ont sauvé la vie plusieurs fois depuis que mes parents ont disparu.
-Disparu comment ?
-Enlevés par des pirates, il y a très longtemps.
-Mais alors, je les connais tes parents. C’est mon pire ennemi, Barbemoch qui les retient. Et tu étais sur son bateau. Mais pourquoi étais-tu dans sa cabine ?
-Le bateau avait l’air abandonné. Je suis montée et entrée dans la cabine. Mais un coup de vent a refermé la porte.
-Mais si tes parents étaient à bord, alors ils ont peut-être, eux aussi, été emportés par la vague et ont atterri sur l’île.
Et à ce moment-là arrivent les deux gorilles. L’un tire par son crochet un pirate répugnant avec des boutons partout sur la figure, et des dents toutes noires et ébréchées. Pas de doute c’est Barbemoch ! L’autre gorille porte dans ses deux énormes bras les parents de Sybel, tout contents de retrouver leur fille.
Quelques semaines plus tard, Sybel et Barbedur se marient.
Quant à Barbemoch, il a eu le choix entre être leur homme de ménage ou servir de punching-ball aux gorilles.
A votre avis ?
Régis et Camille
Dur, dur : Barbedur
L'heure à inventions
Un jour, il faudra inventer
l’heure à rallonge
disait ma sœur
qui était toujours en retard !
Un jour, il faudra inventer
l’heure à tout faire
disait mon père
qui n’était pas bricoleur !
Un jour, il faudra inventer
l’heure à oublier
disait mon frère
les soirs de bulletin scolaire !
Un jour, il faudra inventer
l’heure à ne rien faire
disait ma mère
après ses deux journées en une !
Un jour, il faudra inventer
l’heure à remonter le temps
disait ma grand-mère
qui n’aimait plus trop vieillir !
Un jour, il faudra inventer
l’heure sans haine
disait mon grand-père
qui avait vu trop de guerres !
Moi, je ne disais rien
trop occupé
à mettre au point
l’heure à inventions !
Régis Delpeuch
Vous ne le savez peut-être pas, mais en Afrique, comme partout ailleurs, les arbres parlent souvent entre eux. Mais est-ce pour cela qu’ils sont plus sages que nous, les hommes ?
Ce soir-là, ils étaient cinq à parler haut et fort au bord d’un petit marigot de Casamance.
Quatre, plus exactement, car le cinquième, le flamboyant, ne disait pas un mot depuis que les autres l’avaient accusé de ne servir à rien. « Ce n’est pas comme moi, dit le fromager. Moi, l’arbre le plus utile du pays ! Au milieu du village, les hommes palabrent sous mon ombre protectrice, et dans mon bois, ils creusent leurs pirogues et découpent les 15 portes de leurs cases.
– Écoutez ce prétentieux ! s’exclama le palétuvier. Et moi, je ne suis pas utile, peut-être ? Moi, le prince de la mangrove ! Moi qui pousse dans l’eau et protège tout le littoral de l’érosion et des grandes marées ! Sans compter les huîtres qui s’accrochent à mes racines et qui font le bonheur des villageois.
– Mais tu es minuscule ! ricana le baobab. Le fromager a pour lui au moins sa taille, même s’il est beaucoup moins utile que moi car il ne nourrit personne. Tout se mange chez moi : mes graines, mes feuilles en sauce, et mes fruits font le régal des hommes et des singes ! Ce n’est pas pour rien qu’on me surnomme le roi de la brousse” !
– Pauvre baobab ! soupira le palmier rônier. Tu es tellement laid avec tes racines en l’air que tu fais peur aux voyageurs ! Voilà pourquoi tu es au fond de la brousse ! Alors que moi, si beau, si grand, je suis bien plus utile que vous trois réunis ! Avec mes feuilles, les hommes fabriquent des paniers, des chapeaux et même des parapluies. Ils transforment mes racines en cordes, en balais… et ma sève donne un breuvage délicieux. »
Mais les quatre amis n’en restèrent pas là. Devant le flamboyant, toujours muet, ils continuèrent à se jeter leurs défauts à la figure, puis ils en vinrent aux insultes et aux mains (aux branches, devrait-on dire !). Tant et si bien qu’ils se retrouvèrent tous les quatre déracinés, gisant impuissants à terre.
Le flamboyant les regarda tristement, puis s’éloigna en se disant :
« C’est vrai, je ne donne pas de fruits. Mes racines, mes feuilles et mon bois ne sont pas exploitables. Mais si je ne sers à rien, pourquoi les hommes me plantent-ils à l’entrée de leurs villages ? Tout simplement parce qu’ils me trouvent beau ! Est-ce une qualité ou un défaut ? Je ne sais pas et ce n’est pas à moi d’en décider ! Tout ce que je sais, c’est que la beauté rend les gens et le monde un petit peu plus heureux ! Je ne suis sûrement pas le plus utile des arbres mais de personne je ne dis de mal. »
Tu ne sers à rien