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L'enfant d'Oradour
Nathalie B., enseignante en primaire, a lu le roman avec ses élèves

Voici son retour :

« Professeure des écoles, j’ai eu la chance de faire la connaissance de Régis Delpeuch lors d’une rencontre scolaire d’auteurs dans le cadre du festival « Livre en fête de Champcevinel » en juin 2018. A l’époque, nous avions étudié Quand Marcel et ses amis découvrirent la grotte de Lascaux qui avait été un moment de pur bonheur associé à une classe découverte Préhistoire chez nous, en Dordogne. Quelques Mamie Polar, Ortografeur, Rififi au collège plus tard, mes élèves ont été conquis par l’auteur et ses œuvres.

En juin 2019, Régis, à l’occasion du même festival, m’a offert L’enfant d’Oradour, son dernier-né accompagné d’une invitation à rencontrer mes futurs élèves de CM2, en octobre de la même année. Je ne peux cacher les réticences que j’ai ressenties à l’idée d’étudier cette oeuvre dès le début de l’année scolaire avec des élèves de 9 à 10 ans… Toutefois dès le lendemain, lecture accomplie, je fus convaincue qu’une occasion unique se présentait et j’acceptais ce projet en demandant toutefois à Régis d’assurer, lors de cette rencontre, la fin de la lecture de l’ouvrage que nous aurions probablement étudié.

L’expérience fut extraordinaire : les enfants ont immédiatement montré un très grand intérêt pour le contexte historique à hauteur d’enfant. Le petit Roger a fait partie de notre quotidien pendant plus d’un mois (et ne nous a pas quitté aujourd’hui). Ce n’est pas comme s’il avait existé, il a existé ! Nous l’évoquons souvent…

Contrairement à ce que j’avais imaginé, les enfants n’ont eu aucune difficulté à entendre la fin de l’histoire, grâce à l’écriture de Régis. L’émotion partagée a été palpable, la mémoire a été transmise, des élèves ont entraîné leur famille à Oradour-Sur-Glane pendant les vacances d’automne, ils ont également rapporté des photos…

Merci Régis, merci.

Je ne pensais pas un tel roman possible

Valerie19   17 septembre 2019 sur Babelio
Je suis Limousine… Je vis près de Tulle et ai fait mes études à Limoges. Toute jeune j’ai découvert l’histoire de mon département durant la Seconde Guerre mondiale. Les 99 pendus de Tulle, le maquis, les divisions allemandes qui traversaient les villages répandant la terreur parmi les habitants… Arrivée à Limoges, j’ai découvert l’histoire d’Oradour-sur-Glane, blessure encore douloureuse pour la région. Une amie très chère a perdu une partie de sa famille à Oradour-sur-Glane et un froid matin d’octobre, jour de brouillard, nous sommes allées leur rendre hommage au village martyr. Je n’oublierai jamais le choc de cette visite. Chaque ruine est restée en état, une carcasse de voiture attend que la rouille ait raison d’elle sur une place du village, les impacts de balles, les traces de feu, les marques d’une vie heureuse disloquée en un jour. le temps s’est suspendu le 10 juin 1944, au moment où la vie de 642 femmes, enfants, hommes a été prise par les Waffen SS de la division Das Reich.
Sacrée gageure que de raconter à des enfants de 10 ans cet évènement d’une rare violence, d’une sauvagerie extrême, impossible à comprendre, impossible à accepter. Des hommes, jeunes, très jeunes même, des malgré-nous donc des Alsaciens et des Mosellans, des Français donc, sont entrés un beau matin dans un paisible village limousin pour exécuter l’intégralité de la population. Des innocents ! Tous ! Tous sacrifiés !
Je ne pensais pas un tel roman possible. Surtout que le personnage central a vécu ce cauchemar (il n’aurait pas aimé qu’on l’appelle héros), qu’il était à peine plus jeune que les lecteurs ciblés. Mais ce livre est une éclatante réussite, il est une ode à l’amour que Roger portait à sa famille, au petit village limousin qui les a accueillis si chaleureusement et cela rend encore plus poignant le récit du massacre.
La langue est précise, accessible sans être simpliste. le récit est atroce mais sobre et empreint de respect.
Pour moi ce livre possède un caractère obligatoire, il devrait être lu par tous les enfants du monde pour que jamais l’horreur ne recommence et que jamais on n’oublie.

Je conseille aux parents de le lire avant pour pouvoir en parler avec leurs enfants

Ornitho92   20 octobre 2019, sur Babelio

Je viens de lire ce livre avant de le donner à mes petits enfants (9 et 11 ans). Il décrit bien la vie de Roger, le seul enfant survivant du massacre d’Oradour-sur-Glane. Cet enfant a eu avant la vie insouciante des garçons de son âge, puis survient ce massacre qui est abordé avec réalisme mais de telle manière qu’il peut-être lu par les enfants. Beaucoup d’aspects de la seconde guerre mondiale en France sont abordés dans ce livre : les lorrains et alsaciens chassés de chez eux, la répression, les maquisards, les S.S., les malgré-nous, la déportation.

Ce livre est une belle leçon d’histoire et je conseille aux parents de le lire avant pour pouvoir en parler avec leurs enfants.

Sobre et pudique

Blog Plumes de lune, par Kara

 J’habite actuellement à quelques dizaines de kilomètres d’Oradour sur Glane, et j’avais pour projet de m’y rendre un jour. Quand j’ai vu ce livre dans le catalogue de Scrineo, je me suis dit que c’était l’occasion de prendre mon courage par les cornes et de franchir le pas. Dans la foulée de ma lecture, j’ai entrainé Kinou avec moi et on s’est rendu à Oradour. Cette chronique sera donc illustrée par nos photos prises sur place.

Pour ceux qui n’y connaissent rien en histoire, Oradour sur Glane est un village victime de la deuxième guerre mondiale. Le 10 juin 1944, en représailles aux actions de la résistance, les nazis détruisent le village et ses habitants. Au total, 642 personnes sont tuées ce jour là (dont plus de 200 enfants).

Le village détruit a été conservé et préservé tel qu’il était depuis le massacre, comme lieu de recueillement et de mémoire. Inutile de dire que visiter le village martyr, c’est hyper poignant, et ça te fait sentir vraiment abasourdi par rapport à toute la barbarie humaine. Toujours est-il que le site a un côté apaisant et paisible, mais totalement irréel.

Le livre nous raconte les événements de ce fameux jour, du point de vue de Roger, le seul enfant qui a survécu au massacre (il y a eu 7 survivants en tout). On suit Roger, et sa famille, depuis leur expulsion par les nazis de Charly (un village en Alsace) en 1940, jusqu’à leur installation à Oradour sur Glane avant, pendant, et après le 10 juin. On n’a que le point de vue de Roger durant l’ensemble du livre, on voit donc les événements par le biais d’un habitant du village et ça donne un nouvel angle à ce qu’on a pu apprendre au cours de notre scolarité.

Le livre ne se concentre pas uniquement sur l’attaque du village, mais sur l’ensemble du contexte de l’époque, à travers la vie d’un enfant normal. Les quelques chapitres consacrés au 10 juin ne constitue qu’une partie du roman. Le livre reste très évasif par rapport aux événements, c’est sobre et pudique, ça reste en surface, sans donner trop de détails. Pour moi, c’est tant mieux, c’est un livre pour enfant et il raconte de façon relativement factuelle ce qui s’est déroulé, sans ajouter d’artifice ou essayer de romancé l’histoire à outrance. J’ai apprécié ce côté solennel et authentique de l’histoire. Le livre est assez court et se lit d’une traite.

Au moment de notre visite, je venais juste de le lire, et j’avais donc bien tous les événements en tête. C’est d’autant plus poignant que j’ai pu y retrouver les lieux évoqués (le champ de foire, l’église, l’école,…) et mettre des images (ou du moins un cheminement) sur les faits racontés. C’est assez perturbant, surtout quand tu découvres les noms des familles qu’on suit dans le bouquin sur les stèles de commémoration.

En somme, un livre pour les plus jeunes que je conseille à tous, c’est triste et c’est dur, mais c’est fait avec respect et c’est un sujet qui reste malheureusement intemporel. Et bien sûr, n’hésitez pas à venir visiter Oradour sur Glane aussi, pour vous rendre compte de la réalité des faits. 

Je sais à présent comment j’arriverai à en parler à ma fille

Blog Des livres, une fille, par Maud Bonnefond

C’est avec une certaine appréhension que je me suis lancée dans la lecture de ce livre.
Basé sur des faits réels et connaissant déjà l’histoire particulière de ce village de Haute-Vienne, j’ai redouté le trop plein d’émotions… Ce fut le cas mais l’auteur a bien réussi son pari auprès du jeune public. C’est touchant mais pas tire-larmes. On prend conscience sans assister réellement. 

J’ai étudié les événements de ce village lors de mes études. J’avais été profondément marqué par ce pan de notre histoire. C’est pourquoi je savais que cette lecture allait être probablement intense.

Nous suivons Roger et sa famille, obligés de quitter leur maison de Lorraine pour déménager à Oradour-sur-Glane à des centaines de kilomètres de leur vrai foyer; La faute aux nazis qui s’approprient les biens du peuple conquis sans états-d’âme. 

On suit leur expropriation et leur installation, leur acclimatation et leur quotidien… jusqu’à ce jour fatidique du 10 juin 1944. 

L’auteur a pris le parti de nous conter l’histoire de Roger, le seul enfant survivant de ce village. Avec une certaine distance (la narration n’est pas à la première personne du singulier, ce « je » qui peut nous faire vivre les événements par les yeux du protagoniste), nous voyons les décisions de ce jeune garçon. Décisions qui vont lui sauver la vie. 

Nous ne sommes pas réellement au cœur de cette terrible journée. Ainsi nous ne voyons pas les atrocités commises. Roger décide de fuir et nous sommes alors étranger et en dehors de la folie nazie. Sur sa route, il va y avoir des embûches mais l’auteur nous garde à distance de l’horreur véritable. 

J’ai trouvé ce livre intelligent. Il permet d’aborder cet événement avec une grande distance. Il amène le dialogue. Même si l’enfant qui lira ce livre ne pourra pas ignorer les conséquences de cette horrible journée, on le préserve en n’assistant pas aux tueries perpétrées… Tout comme Roger il prendra conscience des événements grâce aux témoignages d’autres survivants ou aux dires des personnes qui sont allées sur place par la suite. Grâce à un dossier documentaire très complet en fin de ce roman, on nous détaille les faits tels qu’ils se sont produits. C’est brut et journalistique. C’est à ce moment là que les larmes peuvent monter aux yeux! La prise de conscience est instantanée.

Si on ne peut comprendre de tels actes, c’est un devoir de mémoire de ne jamais les occulter. Même si ça fait mal encore aujourd’hui, il ne faut pas oublier que cela s’est produit. La nouvelle génération ne doit rien ignorer de son passé. Car c’est en étudiant le passé qu’on évitera que cela se reproduise. L’histoire d’Oradour-sur-Glane est une tragédie. On cherche toujours à préserver ses enfants de l’horreur du quotidien. On évite le journal TV, on ne parle pas des faits violents… Sauf que les ignorer ne les font pas disparaître…

Grâce à ce livre, je sais à présent comment j’arriverais à en parler un jour à ma fille…

Sans jamais tomber dans le « trop »

Les lectures de Mylène, 2 juin 2019

C’est un très court roman que nous livre l’auteur et je dois dire que le sujet est traité d’une telle manière que le jeune lecteur se sent happé par l’histoire et par tout ce qui arrive à Roger. On vit d’abord son déracinement de sa région natale qu’est la Moselle, son adaptation petit à petit dans ce petit village d’Oradour-sur-Glane et le fait qu’il se lie d’amitié avec des enfants de son âge. Inévitablement, nous qui connaissons l’histoire, on stresse à l’idée qu’arrive ce 10 juin 1944 d’autant que l’on connait les conséquences de ce jour funeste. J’ai trouvé que l’auteur donnait d’une manière assez didactique et facile à comprendre les tenants et les aboutissants de cette folie qui a pris les soldats qui étaient basés dans la région, l’horreur de ce que ça a pu impliquer et si dans un sens j’aurais apprécié d’avoir aussi leur point de vue sur l’innommable qu’ils commettent, j’ai trouvé que Roger était un narrateur parfait pour nous livrer ses sentiments, sa peur, son angoisse, son espoir aussi de retrouver quelqu’un de vivant et sa fuite pour se protéger. Aucun des habitants du village n’aurait imaginé qu’une telle chose puisse arriver et on se demande bien ce qui a pu passer par la tête des nazis pour en arriver à tuer enfants, femmes et hommes sans même réfléchir. Les plus jeunes lecteurs vont donc comprendre ce que l’homme a de pire en lui, ce qu’il est capable de faire et pour quelles raisons il faut continuer de défendre nos droits, notre égalité, notre fraternité et notre liberté. A mettre dans toutes les mains !!
En bref, j’ai trouvé que le sujet était très bien traité sans jamais tomber dans le « trop », on suit Roger au fil de sa vie qui change brusquement quand il doit déménager avec sa famille et ce qui arrive au petit village d’Oradour-sur-Glane en juin 1944. Une histoire que tout le monde devrait découvrir et qui fait inévitablement réfléchir.

Un récit complété par un dossier documentaire clair et précis

Blog Tajalirsa, juillet 2019

Voilà un moment que j’envisage de visiter le village-martyr d’Oradour, alors quand j’ai vu que, de plus, j’avais déjà apprécié un autre roman du même auteur, je me suis précipitée sur ce témoignage! La première partie nous plonge dans la vie quotidienne d’un petit village des années 1940, encore préservé de l’invasion nazie. Et puis Roger est tout jeune alors la guerre doit lui sembler lointaine. On partage avec lui le plaisir désuet de fabriquer sa propre canne à partir d’une pousse de châtaignier, ou encore de « faire chabrot » en versant un peu de vin rouge dans la soupe ! C’est sympathique et rafraîchissant.

Et puis nous voici au cœur du drame ce fameux 10 juin 1944, avec les soldats allemands qui traversent le village, les fouilles (ils cherchent soi-disant des armes cachées par les maquisards), les coups de feu, la peur. « Roger se fie à son instinct, à cette petite voix intérieure qui lui dit de fuir, de courir le plus vite et le plus loin possible » », et c’est ce qui le sauvera. Deux passages sont particulièrement chargés d’émotion : l’explosion dans l’église et le chien criblé de balles… On partage la souffrance du petit garçon « perdu dans son chagrin et son désespoir », d’autant plus lorsqu’il réalise l’étendue de « tous ceux qu’il ne reverra plus ».

Le récit est complété par un cahier documentaire clair et concis qui apporte des précisions sur le massacre (j’ai notamment appris que les SS avaient pour habitude de se venger de chaque action des maquisards en s’en prenant aux civils) et explique ce qu’est devenu Roger par la suite. Un musée-mémorial a été construit tout près du village-martyr (conservé en l’état) et mène à la visite de ce dernier.

« La culture de la paix s’inculque dès le plus jeune âge »

Journal La Montagne du 10/06/2019 par Blandine Hutin-Mercier

Régis Delpeuch veut transmettre la mémoire des enfants pris au piège de la Seconde Guerre mondiale. © Agence Brive

L’écrivain de Ladornac Régis Delpeuch publie L’enfant d’Oradour (Scrinéo), un récit véridique et tendre sur le drame survenu il y a 75 ans, un lundi 10 juin, à Oradour-sur-Glane.

« Ce n’est pas en occultant les choses qu’on les élimine et la culture de la paix s’inculque dès le plus jeune âge. »

Fort de ces deux principes-là, l’écrivain originaire de Ladornac, Régis Delpeuch s’est lancé dans un délicat travail de mémoire : rédiger à l’attention de ses jeunes lecteurs, de 10-12 ans en moyenne, un tryptique consacré aux enfants dans la Seconde Guerre mondiale, victimes du nazisme.

Un livre pour entretenir la mémoire

Le drame d’Oradour-sur-Glane – dont on commémore aujourd’hui lundi 10 juin les 75 ans -, la rafle du Vel d’Hiv’en juillet 1942, le camp d’Auschwitz. Trois tomes pour une même histoire dramatique. « Ça fait très longtemps que je voulais aborder ces histoires », raconte-t-il. Une visite du musée des enfants du Vel d’Hiv’, à Orléans, le laisse mal en point. « Mon désir, c’est d’entretenir la mémoire, et de créer un outil pour parler aux plus jeunes de ces événements. »

Écrit « à hauteur d’enfant pour parvenir à les intéresser justement», L’enfant d’Oradour raconte, avec précision rigoureuse et une naïveté tout enfantine, l’histoire de Roger Godfrin, 8 ans, réfugié venu de Moselle avec toute sa famille trouver refuge à Oradour. Le 10 juin, le garnement échappe aux flammes de la Das Reich parce qu’il fait l’école buissonnière.

Recontextualiser le drame d’Oradour

Une histoire qu’il débute dès 1940 « pour élargir le champ », précise Régis Delpeuch, et évoquer ces réfugiés de l’Est qui, pour beaucoup, s’installèrent en Limousin et en Dordogne. Une manière de faire un lien avec l’actualité.

Une histoire également nourrie de la rencontre de l’auteur avec l’une des filles de Roger et de minutieuses recherches documentaires. Résumées à la fin du récit, elles permettent de le recontextualiser fort à propos, pour une meilleure compréhension du sujet, mais sans rien occulter des faits. « Pour les cycles 3, je pense que c’est un bon outil pour aborder le programme d’histoire », estime Régis Delpeuch.

« Le village sans enfants »

« Ce qui m’a le plus marqué, c’est ce village sans enfants au lendemain du drame. 192, de 4 à 14 ans, tous à l’école, tous morts, marque-t-il. Le plus difficile, c’est que je devais dans la foulée enchaîner avec l’écriture d’un nouveau Mamie Polar (sa série de policiers pour enfants, NDLR). Pendant 3 mois, je n’ai pas pu ! J’ai écrit tout ce livre en écoutant les Nocturnes de Chopin, pour mettre un peu de distance. »

Le prochain livre de la trilogie sera consacré au Vel d’Hiv’. Il sera basé sur l’histoire de deux sœurs sauvées à la veille du départ du Train des enfants. Reste à trouver les mots pour le dire…

Une formidable adaptation de cet événement historique

Site de la Fédération Wallonie-Bruxelles par Céline Cordemans

1940, Roger a quatre ans lorsqu’il est expulsé avec sa famille de sa Moselle natale fraichement annexée par les nazis. Ils partent se réfugier dans le sud, en France libre à Oradour-sur-Glane, en attendant la fin de la guerre. Oradour est un village accueillant et la famille de Roger s’adapte parfaitement à ce nouveau mode de vie, loin des champs de bataille. Le 10 juin 1944, les Waffen-SS envahissent le village et regroupent l’ensemble de la population sur la place du village. Mû par un instinct de survie, Roger s’échappe pour se cacher dans la campagne environnante. Un réflexe salvateur pour le jeune homme qui sera un des seuls rescapés de ce que l’on appellera plus tard le massacre d’Oradour.
Régis Delpeuch nous offre une formidable adaptation de cet événement historique qui a marqué les esprits. Les faits sont atroces mais l’auteur réussi à prendre assez de distance afin de préserver le jeune lecteur sans pour autant amoindrir l’impact terrible de l’événement. Une lecture incontournable que l’on peut proposer aux lecteurs à partir de 9 ans.

L’occasion de parler d’Histoire avec votre enfant

Blog Un livre dans ma valise, Sandrine Damie

« L’enfant d’Oradour », un témoignage poignant à hauteur d’enfants

Comment parler du massacre d’Oradour aux enfants ? Plus qu’un exposé historique, l’auteur de ce roman pour les juniors ancre son propos dans le quotidien d’un enfant du village. Sa particularité ? Il est le seul à avoir survécu à ce massacre !

Roger et sa famille ont été déracinés de leur Moselle natale, en quelques heures, par les Allemands en 1940. Leur maison réquisitionnée comme beaucoup d’autres dans le village, les voilà mis de force dans un train pour rejoindre une destination inconnue jusque là : le village d’Oradour-Sur-Glane. Roger y coule des jours heureux en famille jusqu’à ce terrible samedi 10 juin 1944.

Après avoir rappelé ce 1er épisode chaotique pour la famille, le narrateur décrit les 10 jours qui vont précéder le massacre. Le lecteur se laisse emporter par ce quotidien banal, avec les jeux d’enfants, l’amitié de Roger et Marcel, la communion d’une de ses sœurs, la canne du grand-père… autant de petites anecdotes qui nous familiarisent avec la vie de ce gros bourg de Province. Au fil des pages, on s’attache à Roger, espiègle petit rouquin.

Alors que les enfants sont rassemblés dans leurs écoles, les Allemands arrivent, et somment la population de se rassembler sur la place du village. Se méfiant des Allemands comme le lui a appris son père, Roger fuit, seul, et échappe à plusieurs reprises aux soldats. Recueilli dans un hameau proche d’Oradour, il se demande bien ce qu’était cette épaisse fumée s’échappant de son village suite à une forte détonation. Rapidement, l’espoir de retrouver ses proches s’effondre…

La lecture de ce roman est loin d’être évidente. En le débutant, on connaît évidemment la fin tragique, ce qui rend le récit encore plus dur à soutenir. Les chapitres s’enchaînent de façon chronologique, nous rapprochant de la tragédie. Cela renforce l’intensité du propos. Les derniers chapitres consacrés au retour à une vie « normale » serrent le coeur. Et on n’a qu’un souhait : que chaque survivant d’un tel massacre ait pu trouver le chemin de la résilience pour se reconstruire.

Autant, vous le dire, je n’ai pas 9 ans (âge préconisé pour cette lecture), mais j’ai pleuré. L’amour familial qui ressort de la narration montre combien Roger aimait ses proches. C’est un bel hommage qui leur est ici rendu.

Bon à savoir : un dossier documentaire de quelques pages prolonge le roman. De quoi aider votre enfant à situer le massacre dans le contexte de la Guerre. C’est aussi l’occasion de discuter avec lui d’Histoire en général.

Tout l’amour d’une famille

L’avis du blog Les lectures de Sophie

Il y a quelques années, j’ai visité le village d’Oradour sur Glane. J’ai été très marquée par l’ambiance, très oppressante, des lieux. Ils sont comme chargés de l’horreur de cette journée du 10 juin 1944. Bizarrement, si j’ai vécu cette visite de manière très forte sur le moment, j’ai occulté une partie des informations sur le déroulement de cette journée, notamment ce qui concerne les enfants de l’école. Je n’ai aucun souvenir de la mention de cette centaine d’enfants, ni de ce seul rescapé. Autant je me souviens parfaitement de l’église et des événements liés, et d’avoir été obligée d’en sortir rapidement tellement je m’y sentait mal, autant je ne visualise même plus l’école, alors que je sais avoir fait le tour du village… Vous comprendrez que le sujet du roman de Régis Delpeuch ait attisé ma curiosité.

Avant de rentrer dans le livre, un mot sur la couverture signée Antoine Brivet (illustrateur entre autres de La toute petite librairie d’Adeline Ruel chez Gulf Stream – ma chronique), qui pourrait laisser penser que Roger assiste à l’incendie de l’église, or à aucun moment il n’est directement visuellement témoin du massacre. C’est cependant une très jolie couverture, où j’apprécie particulièrement, une fois de plus, le travail de la lumière que réalise Antoine Brivet. Il met en valeur les cheveux roux de Roger, qui rappellent la couleur des flammes qui semblent l’éclairer de derrière. J’aurais sans doute préféré voir l’enfant dos à la scène, ce qui aurait été plus représentatif de l’histoire.

Dans le communiqué de presse, l’auteur répond à 3 questions sur son roman, j’ai trouvé intéressant de vous partager ses réponses, pour mieux comprendre pourquoi il a écrit ce livre, mais aussi pour rassurer les adultes sur la représentation de la violence dans ce roman destiné aux enfants à partir de 9 ans :

Pourquoi raconter le massacre d’Oradour ?
Parce que les dangers les plus extrêmes sont ceux que l’on occulte, ceux que l’on refuse d’affronter, croyant par-là qu’ils ne se reproduiront jamais.
Mais les enfants, à 9/10 ans, ne sont-ils pas trop jeunes pour lire ce roman ?
Non, car le drame d’Oradour montre à quel point la violence déchaînée de la guerre ignore l’innocence des enfants. Si nous voulons faire de nos enfants des citoyens responsables, si nous voulons les éveiller à une véritable culture de la paix, il faut leur faire prendre conscience très jeune que l’histoire s’emballe toujours plus vite qu’on ne le croit, et verse souvent dans l’abîme de la barbarie.
Dans l’ouvrage, le petit Roger assiste-t-il au massacre ?
Non, il s’enfuit dès que les Allemands demandent le rassemblement sur le champ de foire. Une fois loin du village, il apercevra la fumée s’élevant de l’église sans savoir de quoi il s’agit. Il ne vit pas les faits au moment où ils surviennent, mais ils lui seront rapportés par les amis de ses parents, de manière neutre, pour ne pas choquer les lecteurs.

Effectivement, si le parcours de Roger est difficile, si il souffre, on ne voit jamais directement le massacre. Il y a certes des scènes violentes, mais pas plus que ce que tout enfant peut voir à la télévision ou sur internet quotidiennement. De plus, on a ici la distance du récit, et l’aide d’un cahier documentaire à la fin de l’ouvrage, qui contextualise les événements racontés. C’est cependant une lecture qui nécessite, je pense, un accompagnement et une discussion.

Quand on lit l’histoire de Roger, on se dit qu’il n’a vraiment pas eu de chance. Déporté de Moselle jusqu’au village d’Oradour avec sa famille, il se trouve au mauvais endroit au mauvais moment. Mais il s’en est sorti ce jour là parce que son père lui avait appris à se méfier des allemands. D’une manière générale, l’auteur a choisi dans son adaptation des événements de mettre en avant l’importance de l’éducation reçue, et de nous montrer comment la famille de Roger est restée soudée face aux événements. Je pense notamment au papa de Roger qui lui raconte au tout début que le sac que le petit (il a 4 ans en 1940) doit porter contient du chocolat pour le motiver… ou de son oncle qui lui promet un cheval de bois la prochaine fois qu’ils se verront pour le consoler de devoir laisser ses jouets en bois derrière lui en quittant la Moselle.

Ce qui ressort de ce roman, c’est tout l’amour d’une famille. Comment les exilés de Charly ont su rester unis grâce à leurs parents, comment les enfants de la famille ont pu vivre une vie « normale » jusqu’à ce 10 juin, et comment le petit Roger a survécu, se fiant à son instinct et aux conseils de son père, malgré le refus de ses sœurs de le suivre… Bien évidemment, on découvre dans ce livre des événements terribles, horribles, innommables, mais on rencontre surtout une famille avec des valeurs, et un enfant qui, porté par ces valeurs, a réussi à survivre au cauchemar. C’est cette histoire, cette famille, qui rendent l’indicible acceptable lors de la lecture.

Le dossier qui suit le roman est très bien fait, et explique vraiment bien comment les choses se sont déroulées ce 10 juin 1944, et essaie de dire pourquoi. Il raconte aussi la suite, après-guerre, le procès, et plus récemment le Centre de la mémoire d’Oradour. Il nous dit enfin ce qu’est devenu Roger, nous donnant un aperçu de sa vie « après ». Le tout avec un vocabulaire simple, parfaitement adapté à l’âge des lecteurs cibles.

Ce petit ouvrage est un concentré d’émotion, le style de l’auteur est très visuel, et permet de bien se représenter les lieux et les personnages. C’est un livre à lire, à faire lire, à partager. Un livre pour ouvrir la discussion, pour que, dans le futur, nos enfants devenus adultes ne reproduisent jamais de tels actes de barbarie. Et quand on regarde ce qui se passe dans le monde actuellement, on se dit qu’il y a urgence à éduquer les plus jeunes au respect et à la paix, tout simplement.

Un roman poignant pour se souvenir

L’avis du blog Histoire d’en lire : 5 étoiles

Il y a 75 ans, le village d’Oradour-sur-Glane était comme rayé de la carte par l’armée nazie. Pour cette commémoration, Régis Delpeuch a écrit ce roman, L’Enfant d’Oradour, reprenant l’histoire vraie du petit Roger Godfrin, survivant du massacre.

Parce qu’entretenir la mémoire et la paix vont de pair, Régis Delpeuch a choisi de raconter cette tragédie en focalisant sur le personnage de Roger, âgé seulement de 8 ans en juin 1944. L’idée de ce roman n’était pas de faire revivre aux enfants les atrocités vécues par les hommes, femmes et enfants d’Oradour. En témoin indirect, Roger l’encaisse au plus profond de sa chair lorsqu’il apprend ce qu’il s’est passé, le lendemain du massacre. Les deux derniers chapitres suffisent à appréhender et comprendre l’horreur.

Roger doit sa survie à son instinct. Ce jour-là, il s’est souvenu de ce qu’avaient dit ses parents s’il croisait des Allemands. Il devait fuir et ne pas leur faire confiance. Ses sœurs auraient pu être sauvées puisqu’il était avec elles à ce moment-là, sa mère est persuadée qu’il s’est mis en danger en faisant cela, et pourtant…

Et même si le sujet central est bien sûr le massacre d’Oradour-sur-Glane, l’auteur revient plus largement sur le contexte de l’époque. Roger Godfrin est originaire de Lorraine, comme d’autres familles installées depuis 1940 à Oradour. C’est un point d’Histoire qui est plus méconnu et ce rappel est essentiel puisqu’en fin de roman, Régis Delpeuch vient boucler la boucle avec le retour de Roger dans son village natal de Charly.

Le livre se termine par un cahier documentaire apportant des précisions sur ce qu’il s’est passé ce 10 juin 1944 et avec quelques photos en noir et blanc du village martyr aujourd’hui.

Un roman poignant pour se souvenir de cette tragédie de la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Coup de coeur de la Revue des livres pour enfants

Lpar Stéphane Martinati

Régis Delpeuch frappe fort avec ce court récit d’une élégance étonnante. Il évite tout pathos pour traiter un sujet difficile sinon insoutenable : raconter la terrible expérience vécue par Roger Godfrin, 8 ans, l’unique enfant rescapé du massacre perpétré par l’armée allemande à Oradour-sur-Glane, le 10 juin 1944. Nous suivons Roger, ses parents, ses deux s0153urs et son petit frère Claude, dans leur exil imposé par l’occupant depuis le village de Charly (Moselle) jusqu’à leur installation dans le village d’Oradour (Haute-Vienne). Nous jouons à ses côtés, nous rions aux bêtises qu’il multiplie avec son meilleur copain, Marcel, nous éprouvons ses petits tracas comme ses grandes joies toutes simples. Et puis, vient cette terrible journée du 10 juin 1944. L’auteur nous décrit presque heure par heure les faits, évitant la froideur de l’historien autant que les émotions larmoyantes d’un romancier à sensation. Il tente de traduire les réactions, l’état d’esprit d’un gosse de 8 ans qui ne comprend pas vraiment ce qu’il se passe. Et quelle réussite ! Nous dépassons ici le simple témoignage, nous allons au-delà du devoir de mémoire, pour tendre simplement à l’universel.

LA MONTAGNE
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